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Le printemps a détrôné l’hiver. Il semble s’être installé d’autorité, comme mon amour pour toi.

Avec les touffes de primevères, les pelouses prennent des tons pastel. Les forsythias sont d’or, ils vont trépasser. Le prunus impose sa couleur rose qui  invite à la tendresse.

J’ai mis des jonquilles dans un vase. Je ne sais pas si tu aimes les jonquilles.

Elles sont comme moi, elles ont fait leur poussée dans la terre froide.

Dans mon jardin, c’est une explosion de fleurs  jaunes. Elles vont par trois ou cinq,

comme si elles n’avaient pas eu le temps de se réchauffer.

J’ai froid dans le dos quand tu n’es pas là. Ne bouge pas. Il ne faut pas déranger la tendresse, c’est une dame fragile, vulnérable comme les femmes, pressée comme un vent d’automne qui l’émiette.

Je crois la réinventer ce soir.  Elle sommeillait en moi, attendant que je lui prête des ailes.