8ème et dernière semaine. 55ème jour de confinement. Il pleut, chic, on ne s’obligera pas à faire le tour du pâté de maison. On part à gauche ou on part à droite ? Tu as bien rempli ton attestation ? Oui, ce n’est pas la pire des choses. Encore mettre un masque. Le déconfinement est pour demain mais que va-t-il changer sinon être autorisé à flâner dans la forêt. ? C’est déjà beaucoup. C’est énorme. Mais avancer masqué, c’est cheminer dans l’incertain. C’est la vie ? Oui, c’est vrai, c’est la vie avec ou sans masque.
Finalement, ce n’était pas si mal ce confinement, on s’est bien adapté. Je pense me confiner encore un peu puisque, retraitée, je suis privilégiée. J’espère aussi que tout le monde aura bien compris les leçons du Covid 19 afin que d’autres personnes ne soient pas sacrifiées sur l’autel de la santé.
Tiens, un souvenir du confinement. Au début, il y a de cela huit semaines, on s’organisait pour se partager les courses entre voisines. Je sonnais deux fois chez elle, je déposais les paquets sur son paillasson. Elle montrait juste le bout de son nez en entrebâillant sa porte pour m’apercevoir et me faire coucou. Cette dernière semaine, la lassitude de ne pas voir de nouvelles têtes s’est installée, alors chacune a fait elle-même ses courses. Les rues si désertes avec leur atmosphère si anxiogène se sont un peu plus peuplées. Petit à petit, on a croisé des connaissances masquées avec qui on a tenu ses distances pour échanger quelques mots. On n’en pouvait plus du manque de relations, on étouffait dans nos maisons et mêmes dans nos jardins.
Avec le confinement, on a renoué avec la lenteur, avec la patience, on s’est aperçu que l’on râlait pour rien. En bon Français ? Pas tant que ça.
Pendant le confinement, on a tant bien que mal accompagné ses angoisses. C’est fatiguant à la longue mais au moins on sait pourquoi les peurs nous ont envahis.
Aujourd’hui, c’est le désordre, les pistes sont brouillées. Comme dans chaque nouveau départ puisque plus rien ne sera comme avant, il faut longer les côtes avant de prendre une nouvelle vitesse de croisière. On teste. On tâtonne. On avance pas à pas et quoi que l’on fasse, les solutions ne seront pas idéales. Mais au moins, être acculés nous a rendu créatifs et plus réfléchis face à cette crise sanitaire révélatrice de tous les maux des peuples