Sortir du confinement déconfit, déconfite. La première semaine, un confinement plus léger et choisi se poursuit dans l’allégresse, si j’ose dire. On recommence à être autorisé. Une espèce de liberté surveillée. Finalement, je ne m’y trouvais pas mal dans ce confinement imposé. J’avais pris de grandes résolutions pendant huit semaines, à savoir ce que je pourrais conserver de mes bonnes intentions. Quelles activités me sont indispensables pour mon bien-être et ma réjouissance ? Quelle est ma part à faire pour notre planète en grande souffrance ? J’ai fait du tri dans ma maison comme dans mon cerveau et je m’en portais bien.
Le déconfinement est survenu. J’ai commencé à accueillir mes enfants et petits-enfants qui s’étaient bien confinés eux-aussi. Le rendez-vous chez la coiffeuse a suivi. Normal pour changer de tête. Quant aux courses, elles ne sont pas devenues plus simples, le port du masque et toutes les précautions à prendre dissuadent de sortir. Quelques interdits sont levés mais le virus, lui, est toujours là. Les médias nous en rebattent les oreilles, on ne peut l’oublier.
Peut-on de nouveau revoir sa famille, ses amis ? Les plus peureux s’en abstiennent encore et ne savent pour combien de temps, les plus hardis, ou les plus inconscients peut-être, bravent le risque. Mais quoi que l’on pense et quoi que l’on fasse, on brasse entre deux eaux inconfortables. Le déconfinement n’est pas une mince affaire et s’avère aussi anxiogène et finalement plus compliqué que le confinement lui-même, surtout pour les travailleurs. Parole de retraitée. De nouveau les rues et les commerces appartiennent à la foule et fourmillent d’un monde, j’allais écrire nouveau. Pas tant que cela, j’en perds mes illusions.