En hommage à mon Grand-Père qui nous a quittés un jour de juin

Je te revois encore avec ta blouse grise
Boutonnée sur ton pull, tricoté par grand-mère
La cravate que ces temps-là vulgarisent
Tu la portes comme tout autre compère

Avec tes joues rouges et mafflues de bon vivant
Et ta houppette coquine et en désordre
Toujours tu te donnes des airs d’estivant
En travaillant, consciencieux et sans démordre

Sur le livre relié se plissent tes yeux vifs
Détectant le moindre pli sur le cuir reteint
L’artiste exige même s’il paraît passif
Avec au coin des lèvres, un vieux mégot éteint

Une feuille d’or fine et précieuse
Sur un coussin de velours jaune
Légère, volatile et chahuteuse
Se moque et se mesure à ton aune

Précis, minutieux, tu fais glisser les lettres
Dans le fer de relieur que tu mets à chauffer
Il effleure ta joue qui sert de thermomètre
Prend l’or, se pose sur le cuir pour le griffer

Tu saisis le crayon, planté sur ton oreille
Tu inscris sur l’ouvrage, un repère discret
Je te regarde grand-père, cela émerveille
Ta petite fille qui note tes secrets.