Lundi 23 novembre
25ème jour de reconfinement

Se réveiller d’un rêve où l’assemblée joyeuse est bien vivante, où le soleil rit de ces rapprochements humains et légaux qui font du bien, avec les bons vins et les mets étalés sur table. Qui sont la vie.
Peut-être parce que j’ai regardé hier soir le film Les femmes du 6ème étage, qui, si léger qu’il paraît, en dit long sur nos sociétés.

Pour autant, ce mois de novembre n’aura pas été triste, avec son soleil permanent qui fait croire au bonheur. Avec cette vie que l’on croit rétrécie à cause de la Covid qui est une opportunité à explorer de nouveaux champs d’expérience, comme une activité toute simple à laquelle on n’aurait jamais pensé, comme entretenir une relation qui prend une saveur différente. Ou bien apprendre que le quotidien se suffit à lui-même et que vivre au jour le jour nourrit bien.
On s’invente, on se découvre, on entreprend. Certes dans un rayon d’un kilomètre mais avec internet, les distances sont abolies.
Parfois les portes que l’on croyait à jamais fermées s’ouvrent.
Bon, tout ça ne m’empêche pas d’avoir des envies d’escapade.
La mer me manque et je la peins, calme ou tourmentée comme moi. Paris touristique me manque, 5ème fois annulé pour cause de Gilets Jaunes, grèves SNCF et Covid. Les randonnées, même modestes, entre amies me manquent. Les retrouvailles familiales avec leurs embrassades me manquent. C’est comme au jeu, je passe mon tour mais à mon âge, il ne faudrait pas que cela dure trop.
C’est vrai, tout ça n’est rien comparé aux interventions chirurgicales déprogrammées, aux rendez-vous médicaux déplacés plusieurs fois. Notre famille en a fait les frais cet été avec le décès de mon oncle, mon dernier tonton, huit ans plus âgé que moi. Un cancer mis en veilleuse depuis deux ans et qui s’est mis a flambé sans les soins qu’il aurait exigé. Tu nous as quittés en quelques heures, en Bretagne, là où tu as toujours été bien et où ta fille si jeune t’attendait depuis sept ans.

Ou l’on commence à parler sérieusement du Père Noël avec les petits et les grands. Masque rouge oblige cette année pour faire sa tournée rituelle, dans un climat morose mais avec les mots roses qu’on lui connaît et qu’il adresse aux petits-enfants. Une question sérieuse se pose Aura-t-il l’obligation de se déplacer avec une attestation ? Quelle chance j’ai eue de n’avoir jamais eu cette pensée. Quelle chance j’ai eue d’avoir vu le Père Noël en vrai, sans traîneau parce que chez moi il ne fait pas assez froid.

Extrait de mon livre Abécédaire des années cinquante, extrait de mes souvenirs joyeux. Photo extraite du livre.

Noël
Le sapin est fin prêt avec ses boules colorées, fines comme du papier à cigarette donc fragiles, cassantes à la moindre pression, au moindre choc. La veille de Noël, on attend que les convives soient réunis pour allumer les bougies, dans leur support en métal coloré que l’on pince aux branches de sapin (des pince-bougies). On décide de faire le noir et une féerie de couleurs et d’odeurs s’entremêlent. Les flammes vacillantes affleurent les branches. La bougie et le résineux fusionnent et s’enflamment. Même quand c’est fini ça continue de briller dans ma tête. surtout quand Papa est le héros qui se précipite pour juguler l’incendie. Quelqu’un appuie sur l’interrupteur et brise la magie de Noël. On cligne des yeux qui rencontrent une fumée flottante encerclant le sapin. Les paquets cadeaux mêlés aux chaussures font la ronde autour de l’arbre. Le Père Noël est descendu.
Après le Père Noël, le Père Janvier qui lui, n’apporte pas grand-chose, sauf des coups de bâton promis si l’on n’a pas été sage.