Marie-Louise a 100 ans.
 Et malgré une mauvaise vue qui l’incommode,
 cela ne l’empêche pas de continuer à écrire,
 de penser juste et de conserver son humour.
 
Voici son texte qui date du mois dernier
Il court, il court le Champion
 Il est passé par ici,
 Il repassera par là…
 Je cours, je cours à perdre haleine
 J’escalade des massifs des pics des aiguilles
 Je surfe sur de puissantes vagues
 Je glisse sur l’eau calme des rivières
 Et je ris, je ris comme Marguerite devant son miroir
 Le bonheur, je me faufile parmi la foule grouillante
 Je danse avec des danseurs échevelés
 Moi qui adore les nez
 Les nez crochus, les nez en trompette
 Les nez bourboniens
 Mon terrain de jeu
 Hélas, il me manque celui de Cyrano
 Et je cours, et je ris
 Merci mes petits chéris, les journalistes
 Grâce à vous, je suis le maître du monde
 Le matin, l’esprit libre vous sirotez votre café
 Adieu l’amoncellement de dépêches
 Une seule information inlassablement répétée
 Et des auditeurs stressés et hébétés
 Des trottoirs de Manille à la Cité interdite
 Des plages de Copa Cabana à celles de Deauville
 Du Sacré Cœur au mur des lamentations
 Des temples Indou à la Mosquée Bleue
 Je suis chez moi et je cours et je ris
 Puissants et Misérables
 Jaunes, blancs, bleus, rouges
 Je m’amuse avec vous
 Quand comprendrez-vous
 Que vous êtes tous pétris de la même glaise ?
 Mimi Ducos, septembre 2020